Transhumanisme

L'Homme de demain sera-t-il toujours un être humain ?

Le transhumanisme est un sujet qui fait des vagues, un sujet tempétueux. On sait qu’il y a derrière ce mot des promesses formidables, une accélération du progrès médical, des perspectives dont on ne peut que se réjouir.

Il y a des enfants qui pourront vivre parce que l’on aura remédié à un défaut chromosomique qui jusqu’ici était fatal. Il y a des aveugles à qui l’on donnera la vue. Il y a « la réparation des vivants », la délivrance de troubles psychiques, et plus encore : l’augmentation de nos capacités physiques et mentales, le vieillissement retardé, la recherche de l’immortalité… Par les nanotechnologies, les manipulations génétiques ou encore la neurochirurgie, les avancées scientifiques et techniques en médecine vont permettre d’améliorer l’être humain au-delà de ses propres limites : c’est la promesse du transhumanisme.

Mais il y a aussi, derrière ce même mot, des questions morales, métaphysiques, économiques, qui bousculent le fragile édifice de nos certitudes. Où allons-nous ? À quoi sommes-nous en train de jouer ? En avons-nous le droit ? Un homme possédant des organes vitaux artificiels est-il encore un humain ? Suis-je encore moi-même si la science se glisse dans mes neurones et modifie ce qui a toujours fait ma personnalité ? Qui décidera des limites à ne pas franchir ?

Le transhumanisme, par définition, est transgressif : en cherchant à augmenter l’Homme, c’est la limite de ce qui nous définit encore comme des êtres humains qui est en train d’être franchie, et celle de nos conceptions de la morale et du soin.

L’abondance de littérature sur le transhumanisme est symptomatique de notre trouble. Le sujet irrigue toutes les réflexions contemporaines. Philosophes, hommes de sciences, politiques, juristes, entrepreneurs, artistes… chacun tente d’apercevoir, depuis sa fenêtre, le paysage de cette future humanité.

Certains avec confiance. Pour eux le transhumanisme n’est que la nouvelle étape d’un irrésistible mouvement qui voit l’homme s’émanciper, pas à pas, de sa condition originelle. L’artificiel ne peut être opposé au naturel parce que l’homme est naturellement porté à s’améliorer par la technique . Son pouvoir n’est jamais que le pouvoir de la nature, le pouvoir de la vie. Quand aux peurs du progrès, n’ont-elles pas toujours été présentes ? Voler semblait un rêve fou et contre nature. Nous volons. Ce qui peut être imaginé doit être tenté. Et ce qui possible est souhaitable.

D’autres scrutent cet horizon avec crainte. Parfois avec effroi. Pour eux, le progrès dont on nous parle aujourd’hui n’a plus rien de comparable avec celui du passé. Multipliant les dépendances à l’égard de technologies qui bientôt nous dépasseront, creusant le fossé de l’injustice et des inégalité, menaçant nos vies privées et nos libertés, le transhumanisme n’aurait d’humaniste que le nom. Dans ce scientisme dominant, l’homme cesserait d’être la finalité. L’humanité toute entière deviendrait l’instrument d’un progrès sans objet.

C’est de ce sujet, complexe, immense, fascinant, dont nous allons débattre...

Se faire une opinion n’est pas simple. Mais ce qui est plus difficile encore, c’est d’imaginer la façon dont la société doit appréhender ce qui vient. Face à ce questionnement d’une complexité inédite, comme AGIR ? La science nous livre chaque jour, à un rythme qui s’accélère, de nouveaux « possibles ». Chacun de ces « possibles » recèle une espérance, mais chacun lève aussi d’angoissantes questions. Que fait-on ? Comment prévenir les risques sans entraver le progrès souhaitable ? Ces limites franchies par la science, le sont-elles pour de bonnes raisons ? Sont-elles des entraves dont il faut se libérer, ou bien au contraire, des garde-fous qui nous protègent du précipice de la déshumanisation ?

Vous pourrez en discuter avec...

  • Bernard BAERTSCHI (Maitre d’enseignement et de recherche en Philosophie à l’Université de Genève, et auteur de « La neuroéthique : ce que les neurosciences font à nos conceptions morales »)
  • Dr. Anne-Laure BOCH (Neurochirurgien et médecin des Hôpitaux de Paris, auteur de « Médecine technique, médecine tragique »)
  • Vincent GREGOIRE-DELORY (Directeur de l’Ecole Supérieure d’Ethique des Sciences et de la Santé)
  • Alexandre MAURER (Porte-parole de l’Association Française Transhumaniste TECHNOPROG)